La cheville est composée d’un ensemble de ligaments, de tendons et d’os, unit le pied au squelette de la jambe, et joue un rôle essentiel dans la mobilité puisqu’elle permet le déroulement des pas lors de la marche. Lorsqu’un ligament est déchiré lors d’une entorse et qu’il cicatrise mal, il peut se trouver distendu, entraîner des gonflements de l’articulation et des douleurs, d’où l’importance de consulter rapidement.
Instabilité de cheville et ligamentoplastie de cheville : définition
La cheville est une articulation complexe et fragile, souvent victime de traumatismes pouvant provoquer une instabilité chronique. Lorsque les ligaments sont distendus, la ligamentoplastie permet de réparer cette distension et contribue à renforcer les ligaments grâce soit à une réparation complétée d’un renfort de tissus, soit à une greffe de tendons. Cette intervention permet une réelle stabilisation de la cheville quand cette dernière est dégradée et présente des ligaments lésés, lesquels entrainent également gonflements et douleurs. La ligamentoplastie de la cheville est donc préconisée dans le cas de chevilles instables et /ou douloureuses et permet de prévenir les risques d’entorses à répétition.
Instabilité de la cheville : traitement non chirurgical
Le traitement non chirurgical permet de renforcer la cheville et la rendre plus stable. Pour permettre au patient de stabiliser sa cheville, le port de semelles orthopédiques est souvent préconisé car cela aide à effacer les désordres du pied en cas de défaut d’axe d’arrière pied. Le traitement non chirurgical englobe donc le port de semelles adaptées à la pathologie, mais également une rééducation spécifique pour aider le patient à se réapproprier les mouvements de sa cheville. Cette rééducation a pour but d’éduquer certains muscles de tendon de la cheville et contribuer à sa stabilité en obligeant ces tendons à se redresser lorsque la cheville subi une torsion brutale. En cas d’absence de réussite du traitement non chirurgical et en cas d’absence de traitement chirurgical, il peut arriver que l’instabilité de la cheville se complique et génère une arthrose de la cheville, ce qui engendre une aggravation de la situation.
Traitement chirurgical : ligamentoplastie de la cheville
Lorsque le traitement non chirurgical s’avère insatisfaisant ou insuffisant, le patient sera redirigé vers un traitement chirurgical, qui a pour but de réparer ou remplacer les ligaments déficients.
2 types de chirurgie sont couramment pratiquées, toutes sous arthroscopie afin de permettre de réaliser un bilan diagnostic précis. Il permet en effet de tester les ligaments, analyser le cartilage et constitue le meilleur outil diagnostic.
La première est le « Brostrom Gould » véritable réparation ligamentaire du LTFA (ligament talofibulaire antérieur). Celui-ci est réinséré sur la fibula au moyen de petites ancres résorbables, puis un renfort naturel est appliqué (le rétinaculum des extenseurs). Cette chirurgie ne peut s’envisager qu’en cas de ligament restant de bonne qualité.
1/ Exploration de l’articulation et testing au crochet du LTFA qui est désinséré de la malléole latérale, celui ci tombe littéralement et est bien nacré (de bonne qualité).
2/ Après avoir aviver le site d’insertion sur la malléole externe, on y place 2 ancres. La plus inférieure sert à réinsérer le ligament LTFA.
3/ Après avoir inséré, on teste au crochet la bonne tenue.
4/ Ensuite on réalise le « Gould », renfort à partir du rétinaculum des extenseurs (ligament naturel).
5/ Puis on serre les derniers noeuds et on teste l’ensemble de la réparation.
La deuxième est utilisée en l’absence de ligament ou de mauvaise qualité (entorses très anciennes), il s’agit de refaire le LTFA et le LCF (ligament calcanéofibulaire) au moyen d’une tendon prélevé sous le genou (le gracilis, à l’instar des chirurgies du ligament croisé antérieur).
1/ Exploration de l’articulation de la malléole médiale à la malléole latérale, puis on repère le ligament talo fibulaire antérieur qui est testé au crochet, il est dégénratif mou, comme du chewing gum, il sera donc enlevé et remplacé par le tendon gracilis pris sous le genou.
2/ Résection du ligament.
3/ On nettoie le ligament calcanéo fibulaire en passant juste à côté des tendons fibulaires que l’on voit parfaitement.
4/ On réalise le tunnel talien de 20mm de profondeur.
5/ On réalise le tunnel calcanéen puis on passe un fil relais.
5 bis/ On réalise le tunnel calcanéen puis on passe un fil relais.
6/ On réalise un tunnel de 20mm dans la malléole externe.
7/ Enfin on passe le tendon gracilis par les différents orifices et on teste les 2 faisceaux (LTFA et LCF).
Rééducation post-opératoire et reprise des activités
A la suite de la ligamentoplastie de cheville, le patient peut marcher avec une attelle de cheville en utilisant des béquilles en fonction de sa douleur. Il faut bien glacer la cheville et il vous sera prescrit une poche de cryothérapie.
A environ 3 semaines, vous revoyez le chirurgien et la rééducation est souvent reprise.
Le sport est repris entre 6 semaines et 6 mois selon les sports pratiqués.
Complications éventuelles de la ligamentoplastie de la cheville
Toutes les opérations de chirurgie peuvent être sujettes à complications. La ligamentoplastie de la cheville connaît elle aussi son lot de complications éventuelles, telles que l’infection, comme une algoneurodystrophie, qui se traduit par des raideurs ou des douleurs anormales. La récidive d’instabilité de la cheville fait également partie des complications. En effet, il peut malheureusement arriver que l’opération soit sans effet, dans 10 à 35 % des cas selon la technique opératoire utilisée. La récidive est la complication la plus courante. D’autres complications comme l’hématome, l’œdème, la thrombose, les troubles de la cicatrisation et même l’arthrose de l’articulation, font partie de la liste des éventuelles complications d’une ligamentoplastie de la cheville.
L’arthroscopie a permis de diminuer grandement ces complications.
Ligamentoplastie de la cheville : résultats
Dans la plupart des cas, la ligamentoplastie de la cheville offre de très bons résultats. Le but principal de l’intervention est de stabiliser la cheville ou tout du moins d’effacer les signes d’instabilité, et de renforcer ses ligaments. L’intervention permet de limiter les sensations de dérobement de l’articulation et les entorses à répétitions. Bien souvent, cette opération permet également d’agir sur les douleurs, mais il est important de mentionner qu’elle ne garantit pas une cheville complètement indolore.
Docteur Marc Elkaïm – chirurgien orthopédiste à Paris, spécialiste du membre inférieur : pied, cheville, hanche, genou.